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Pourquoi promouvoir des outils de paix ? Parce que la vie est courte, seul le lien guérit et rend heureux

Conscience et Intimité

Quel rapport entre la conscience de soi et l’intimité vécue avec un autre être ? Les hasards des rencontres, des calendriers et des besoins, a fait que nous avons dû relancer l’impression de nos deux livres « La Prise de Conscience » et « L’Intimité ou comment être vrai avec soi et l’autre » et les présenter à un public. On nous a posé la question : qu’est-ce qui relie ces deux thèmes ?

La conscience de soi n’est pas la seule capacité de se reconnaître dans une identité, une image, un nom, un passé, des goûts, des opinions et des affects : ‘j’aime, je n’aime pas, je suis, je ne suis pas’. Tout cela fait partie de notre conscience d’être une personne particulière à nulle autre pareille (du moins le croit-on), avec son ressenti émotionnel et physique. Mais la conscience de soi possède des niveaux beaucoup plus intériorisés. Par exemple, de pouvoir développer la capacité de l’auto-analyse, l’introspection, le regard critique sur soi. C’est une compétence extrêmement importante dans le développement psychique. La seule qui permette une remise en question, un désir d’évolution.

Ce point est très important en médiation. Dans un conflit chacun est bloqué dans une opinion ou un ressenti. Qu’est-ce qui nous empêche de faire un pas vers l’autre ? Qu’est-ce qui nous empêche d’entendre le pas de l’autre vers nous ? Beaucoup d’éléments. Mais une capacité clé est en jeu : celle de s’interroger sur notre propre représentation du monde et sur nos ressorts émotionnels enfouis dans le tréfonds de notre histoire personnelle et familiale, sur la véracité des besoins proclamés (un besoin en cachant souvent un autre), sur notre vision même de la vie et du destin.

Il est indéniable que les personnes qui utilisent au mieux l’outil de la médiation pour régler leurs différends sont celles qui ont la capacité de ce cheminement. Loin de rester bloquées dans une impasse, ces personnes sont capables de se « réactualiser » selon le terme et le concept développé par Carl Rogers. cela signifie qu’elles sont capables de changer de comportement, de réévaluer leurs positions, s’interroger sur leurs propres limitations et points de vue. Cela ne signifie pas qu’elles deviennent perméables aux opinions de la partie adverse. Il ne s’agit pas d’une soumission, par exemple de se dire « puisque je veux la paix, je la fais à n’importe quel prix ». Mais plutôt d’envisager la situation sous d’autres angles permettant de ne plus se sentir coincé, emprisonné, dans un situation sans issue.

Cette capacité adaptative au mieux de ses propres intérêts, n’est pas partagée par tous. Ce n’est pas une histoire de culture ou de milieu social. Il s’agit réellement d’une capacité d’évolution mentale.

Quel rapport avec l’intimité ?

L’intimité, telle que nous l’avons définie dans notre ouvrage, identifie un type de relation considéré comme le sommet de la relation humaine parce que basée sur la confiance, la sécurité, l’honnêteté, la clarté. Ce peut être dans un couple, entre amis, en famille. C’est une relation rare et précieuse. Nous expliquons dans notre ouvrage qu’elle se désire et se construit par un travail intérieur et une attention particulière portée à la relation. Deux êtres dans cette relation sont trois attentions : l’attention à soi, à l’autre, à la relation.

Une des conséquences de vivre, mais déjà de désirer, de construire une relation d’intimité (confiance, ouverture, solidité, clarté) porte à oser s’aventurer dans les zones intérieures de notre espace mental, pour y débusquer les peurs, douleurs anciennes, afin de les calmer pour pouvoir s’ouvrir à l’autre sans être parasité par ces ombres du passé. En retour l’intimité est un baume guérisseur. C’est tout le sujet de notre livre.

Voilà quel est le lien entre ces deux thèmes : parce que je suis encouragé par l’attention de l’autre, à apaiser mes mondes intérieurs, j’augmente ma capacité à me remettre en question, à me défaire des aspects de moi-même qui me limitent. Intimité et conscience de soi sont ainsi liées au plus profond de nos êtres.